La seule option pour moi
Il y’a 20 ans, lorsque j’ai adopté JODY, ma rottweiler, tout le monde m’a dit « c’est un chien méchant », il faut faire des cours avec un éducateur. Je me suis alors rendue dans un club d’éducation… Après 2 cours où j’ai vu ma chienne se faire saccader au collier et suspendre au bout de sa laisse, je me suis jurée que plus jamais je ne lui infligerais cela ! Pendant de nombreuses années, l’éducation canine est restée pour moi synonyme de « torture ». J’avais certainement la chienne la moins éduquée de la ville, mais ça m’était égal. Elle était bien dans ses pattes !
Et puis, un jour, on m’a parlé d’une approche respectueuse et bienveillante de l’éducation canine (communément appelée méthode positive)… Ça a été la révélation!
Le respect : la base
La base de toute adoption devrait être de construire avec son animal de compagnie une relation équilibrée, complice et respectueuse. Une bonne éducation ne peut se faire que si elle est basée sur une relation de confiance entre le chien et son humain.
Avec cette approche, la relation entre le chien et son humain (propriétaire) est fondamentalement différente de celle envisagée par l’éducation canine traditionnelle. Le maître ne se pose plus en dominant, mais en partenaire qui stimule la motivation et la créativité de son chien. Il respecte ses émotions, son autonomie et ses choix. Il comble ses besoins et canalise ses instincts et favorise ainsi son insertion dans la famille et dans nos sociétés.
On ne parle plus de donner un « ordre » à un chien, mais de lui donner un « signal » pour produire un comportement qui lui permettra d’obtenir une conséquence positive. On ordonne au bagnard de casser des cailloux, mais pas au sprinter de courir. On lui donne le « signal » de départ.
On se focalise sur un apprentissage sans erreur, sans stress et sans peur. On crée les conditions pour que son chien puisse apprendre et produire les comportements désirés. On donne la possibilité à son chien de choisir les « bons » comportements en renforçant ceux-ci, et non en punissant les comportements considérés comme indésirables. Dans cette relation, le chien comprend peu à peu qu’il peut faire confiance à son humain, parce qu’il est à son écoute, il le sécurise et lui permet de s’épanouir.
« Un chien qui travaille pour obtenir une conséquence positive (friandise, caresse, jeux, droit de partir jouer, etc…) sera capable de performances bien supérieures à celles d’un chien qui travaille pour éviter (punition, frustration, coup de collier, etc…) car celui-ci ne fera alors que le minimum pour éviter la punition. De plus, la punition est génératrice d’immense frustrations et peut plonger l’animal dans un état d’anxiété majeur pouvant mener à de l’agressivité ou à un état de détresse acquise. Qui donc peut se permettre aujourd’hui, avec les exigences de la société envers nos chiens, de se promener avec un animal agressif ? S’ il mord ; il risque l’euthanasie ! » – Isabelle Charlet, Cynopsis


Laisser le choix au chien
Le respect de l’animal et de son bien-être implique de lui laisser, autant que possible, le choix.
Nous contrôlons presque la totalité de la vie de nos chiens : ce qu’ils mangent, quand ils sortent, ce qu’ils ont le droit de faire ou non… Comme les animaux sauvages en parc zoologique, le chien domestique vit également une forme de captivité. La science a démontré qu’avoir du contrôle sur sa propre vie – en ayant la possibilité de faire des choix – est une condition sine qua non pour son bien-être, quelle que soit l’espèce.
En optant pour une éducation respectueuse et bienveillante, vous rendrez à votre chien le contrôle sur sa vie. Vous lui donnerez la possibilité de faire des choix et d’influencer sa vie grâce aux conséquences de ceux-ci.
Les lois scientifiques de l’apprentissage
Le travail en renforcement positif est basé sur les lois scientifiques de l’apprentissage.
Grâce aux recherches scientifiques, nous savons aujourd’hui que le chien apprend en faisant des associations. Cela nous permet notamment d’agir sur ses émotions, qui ensuite influencent ses comportements. Pour tout apprentissage, la première chose à prendre en compte est l’état émotionnel de l’apprenant (ici du chien). Si le chien est trop stressé, il ne pourra pas apprendre.
B.F. Skinner – éminent psychologue du 20ème siècle et parmi les maîtres de l’école du behaviorisme – s’est pour sa part intéressé à l’aspect opérant du comportement : quel est l’effet d’une conséquence sur un comportement ? Skinner a notamment établi que pour augmenter la fréquence future d’un comportement, il faut lui apporter une conséquence positive / agréable / souhaitée pour le sujet. C’est ce que l’on appelle le renforcement positif. A contrario, toute conséquence qui diminue la fréquence future d’un comportement, s’appelle punition.
Le chien produit toujours les comportements les plus efficaces pour lui, ceux qui lui apportent la plus grande satisfaction et le plus de bien-être. Nous avons donc deux options :
- laisser le chien choisir ses comportements et se renforcer seul
- ou orienter le chien en renforçant des comportements qui satisfont ses besoins tout en satisfaisant les nôtres


En pratique
Dans un premier temps, nous devrons analyser quelle fonction le comportement produit a pour votre chien. Chaque comportement a une fonction et répond à un besoin du chien. Ensuite, nous enseignerons un comportement alternatif à votre chien, qui soit acceptable pour vous et qui lui permette de remplir la même fonction pour lui.
L’éducation canine bienveillante utilise le renforcement positif comme base de travail. Les comportements que nous exigeons de nos chiens ne sont pas naturels pour eux. Il s’agit pour eux d’un « travail » et, comme pour nous, tout travail mérite salaire 🙂 Nous allons donc créer l’environnement, les conditions dans lesquelles notre chien pourra produire les comportements que nous souhaitons, pour ensuite pouvoir les renforcer et les voir se reproduire. C’est aussi simple que ça.